
Claude Codron : « L’esprit d’accueil des gens du Nord va très bien avec le rugby »
Au coeur du jeu
Le président de la Ligue Hauts-de-France, Claude Codron, dirige l’une des Ligues les plus dynamiques en matière de nouveaux licenciés et de néo-pratiquants. Dirigeant historique du rugby français, il pose son regard sur les pratiques et quelques recettes du rugby proposées dans son territoire à nul autre pareil.
Comment s’est passée la reprise du rugby dans les Hauts-de-France depuis la rentrée ?
« Cela se passe très bien dans chacun nos cinq départements que sont le Nord, le Pas-de-Calais, la Somme, l’Oise et l’Aisne. Jugez vous-même : entre août 2024 et août 2025, notre nombre de licenciés a augmenté de 32  %. Lors de la dernière mandature de quatre ans, notre Ligue a fait un bond de +22  % de pratiquants. Nous sommes à plus de 12 000 licenciés rugby. Ce sont de très bons chiffres. »
Comment les expliquez-vous ? Quel est le secret de votre ligue, créée en 2017 seulement ?
« Les clubs de la région y sont de plus en plus connus via différents moyens. Ils font de plus en plus d’efforts pour proposer toutes sortes de pratiques. Le baby rugby et le rugby à 5 font notamment partie des meilleurs chiffres, en joueurs et en dirigeants  ! C’est un bel essor. On a moins de rassemblements, plus d’antennes, on compte 66 clubs et deux nouveaux sont en train de se créer. Ce sont de bonnes nouvelles qui ne mentent pas. »
Quels sont les leviers qui vous permettent d’attirer de nouveaux licenciés ?
« La Semaine nationale des Écoles de rugby, les forums des associations et toutes initiatives des clubs, des CD et de la Ligue permettent aussi de booster cette rentrée tant attendue par notre landerneau, mais il ne faut pas oublier « Rugby pour elles » à destination des filles. On a aussi proposé le « Cross Rugby » qui consiste à mélanger des joueuses de clubs différents afin qu’elles jouent davantage entre elles et non les unes contre les autres. Si les nouveaux pratiquants sont nombreux, le défi majeur est de maintenant les pérenniser. Il faut conserver ces gens qui ont fait le choix du rugby, que ce soit en tant que joueurs, éducateurs, bénévoles ou dirigeants. »

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Quelles actions de la Ligue souhaitez-vous également souligner ?
« Les relations avec les clubs, notamment, sont très bonnes. Par le passé, on aurait dit que les clubs n’osaient pas nous contacter. Ce n’est plus le cas et les passerelles sont nombreuses et fructueuses. Il faut aussi dire que nous avons une nouvelle directrice générale en la personne de Perrine Haberstich. Elle est aussi compétente que dynamique et disponible. Elle n’hésite pas à proposer des idées, des solutions ou des formations idoines aux clubs qui, dorénavant, n’hésitent pas à leur tour à la contacter. »
Quand votre Ligue effectue un travail pour accueillir des matches des équipes de France, des demi-finales de Top 14, voire des rencontres et des équipes de Coupe du monde, cela peut-il aussi profiter à un engagement rugby ?
« Tout à fait. Le territoire n’est pas oublié et cela crée une demande auprès du grand public. Avec l’aide des collectivités avec lesquelles nous travaillons bien, nous n’hésitons pas à réaliser des animations de sensibilisation. La Coupe du monde 2023 a été un virage important, un marqueur  ! Je n’oublie pas la fête autour de la Grand Place de Lille avec madame la maire de Lille qui avait joué le jeu. Sans oser nous comparer avec le foot, le public apprécie aussi beaucoup l’ambiance rugby dans le stade et autour. Le 22 février prochain, notre territoire aura l’immense privilège d’accueillir le match France-Italie, programmé dans le cadre de la troisième journée du Tournoi des 6 Nations 2026. La veille, ce seront les Bleuets, l’équipe de France des moins de 20 ans, qui entreront en scène pour leur confrontation dans le Tournoi des 6 Nations M20, offrant ainsi au public deux rendez-vous exceptionnels en l’espace de 48 heures. À cette occasion, une vaste campagne de communication sera déployée. Elle s’appuiera notamment sur un dispositif d’affichage destiné à toucher largement le grand public et à marquer les esprits. En parallèle, un travail de proximité sera mené auprès des établissements scolaires, qu’il s’agisse des collèges ou des lycées, afin de susciter la curiosité, de faire parler du rugby et d’attirer les jeunes vers nos terrains. L’impact et la dynamique créés rejailliront directement sur l’ensemble de nos clubs locaux. »
Un petit mot sur vos clubs justement, qui sont dynamiques et combatifs dans une région historiquement moins ovale que footeuse.
« Nos clubs se retroussent les manches. Avec l’aide de nos Comités départementaux, ils sont actifs dans tous les domaines. Je tiens à saluer leur travail de développement. La seule chose qui nous manque peut-être encore serait qu’un grand club du « Nord » puisse porter haut nos couleurs dans le monde du rugby pro, à l’instar de Vannes avec la Bretagne. L’Olympique marcquois est aujourd’hui en Nationale, soit aux portes de l’antichambre de l’élite. Souhaitons que lors des prochaines saisons, le club puisse rejoindre la Pro D2. Je n’oublie pas non plus Beauvais (Fédérale 1) qui effectue un travail formidable dans l’Oise et qui regorge d’ambitions. »

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« Le Stade villeneuvois Lille Métropole pour les féminines est en effet notre plus haut représentant. Pour les filles, c’est une tête d’affiche qui bénéficie d’un centre d’entraînement labellisé. Le rugby féminin est aussi en grand développement dans la région. On peut se féliciter que les actions du type 5 + 5 = 20 aient permis l’amélioration d’équipements pour le rugby féminin. »
Comment percevez-vous le transfert progressif de certaines missions, outils et responsabilités de la FFR vers les Ligues ?
« On constate combien la Fédération se repose de plus en plus sur les Ligues. D’ailleurs, quand le président Florian Grill vient nous rendre visite pour porter haut sa parole ou ses solutions, c’est apprécié par les décideurs locaux. À titre d’exemple, toutes les semaines, tous les présidents des Ligues de France ont une réunion avec le président Grill. On est au courant de tout, il y a ainsi beaucoup d’échanges entre Ligues afin de comprendre des situations, partager des expériences, avoir des avis ou des solutions. Ces partages sont riches et appréciés. »
Avec bientôt de nouveaux outils numériques et avec d’autres data qui vont booster davantage les clubs…
« Cela va les inciter à développer d’autres pratiques, même si beaucoup le font déjà. Je pense aussi au label Club Engagé dans le cadre duquel deux clubs des Hauts-de-France font partie des dix clubs les mieux classés. À la Ligue, nous disposons de quatre postes administratifs, dix-sept salariés, un CTL, neuf CTC et une soixantaine de bénévoles qui se donnent à fond. N’oublions pas deux centres d’entraînement labellisés à Haubourdin et à Amiens, qui dépendent aussi de la Ligue. »

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Quel est le rapport aux collectivités de la Ligue ?
« Nous avons la chance de vivre dans une région des Hauts-de-France qui est l’une des seules à ne pas avoir baissé ses subventions à l’endroit du rugby. Je ne m’en plains pas (un sourire). La Métropole européenne de Lille (MEL) nous aide également à répondre favorablement aux exigences pour obtenir l’organisation de grands matches de gala des équipes de France et de Top 14. Les départements de notre région font également beaucoup quand les villes et villages soutiennent le rugby. Il y a une union avec ce sport. »
Le rugby et ses valeurs se confondent à merveille avec celles des gens de votre territoire. Rêvez-vous parfois que le rugby supplante les autres sports plus populaires dans les Hauts-de-France ?
« Complètement ! La convivialité, la solidarité, la générosité et l’esprit d’accueil des gens du Nord vont très bien avec le rugby. C’est aussi pour cela que les néo-pratiquants dont on parle font ce choix. Tout le monde est enchanté de ce qui est en train de se passer. En plus de tout le travail effectué par le moindre bénévole, ici, depuis des années, ce sont aussi les aventures sportives qui feront peut-être un jour basculer le rugby dans une autre dimension. »
Plus intimement, vous avez été joueur, dirigeant de club, élu à la Ligue puis président. Que représente votre parcours avec un peu de recul ?
(Rires) Il n’y en a pas beaucoup qui ont reçu le fameux coq d’or de la Fédération française de rugby, synonyme de 50 ans de bons et loyaux services. J’ai eu cet honneur en 2023. Disons que j’ai l’avantage de très bien connaître ma Ligue. Ce travail de président est de plus en plus difficile mais de plus en plus intéressant.

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